Muhammad Yunus (au centre), Prix Nobel de la paix et conseiller en chef du gouvernement intérimaire du Bangladesh, à Dacca le 9 août 2024. INDRANIL MUKHERJEE / AFP Muhammad Yunus semblait retenir ses larmes. A son arrivée à Dacca, jeudi 8 août, peu après 14 heures, entouré d’étudiants et de ses partisans, l’économiste de 84 ans et chef du gouvernement intérimaire a évoqué un « jour glorieux ». Soixante-douze heures auparavant, à peine, l’ex-première ministre Sheikh Hasina fuyait le pays, sous la pression de la rue, après quinze ans d’un « règne » devenu de plus en plus autocratique. « Le Bangladesh a une deuxième indépendance », a déclaré le Prix Nobel de la paix 2006, comparant, comme nombre de ses compatriotes, le départ de la dirigeante honnie à la guerre de libération menée contre le Pakistan en 1971. Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Au Bangladesh, la première ministre, Sheikh Hasina, contrainte de fuir en hélicoptère Ajouter à vos sélections M. Yunus, qui a atterri en provenance de Paris, a prêté serment dans la soirée à Bangabhaban, la résidence officielle de la présidence bangladaise. En sa qualité de « conseiller en chef », son titre officiel car son gouvernement n’est qu’intérimaire, il devra mener un processus démocratique vers des élections. « Je défendrai, soutiendrai et protégerai la Constitution », a-t-il déclaré solennellement, ajoutant qu’il remplirait « avec sincérité » ses fonctions. Des Bangladais s’étaient réunis devant les postes de télévision, d’autres avaient les yeux rivés sur leurs écrans de téléphone pour suivre la cérémonie retransmise en direct. « C’est une très bonne chose, Sheikh Hasina était une mauvaise dirigeante pour le pays et Muhammad Yunus a fait beaucoup pour les pauvres », s’est réjoui Tonmoy (qui n’a pas donné son nom), un Bangladais de 26 ans, à Dacca. « Nous souhaitons la plus cordiale bienvenue au gouvernement intérimaire qui entame son parcours à un moment extraordinaire de notre histoire », écrit le Daily Star dans son éditorial de vendredi. Rétablir l’ordre et la loi La présence de M. Yunus à la tête du gouvernement est accueillie avec optimisme. Elle suscite de nombreux espoirs dans un pays meurtri par la répression brutale des manifestations étudiantes. Plus de quatre cents personnes sont mortes depuis le 1er juillet durant le mouvement qui a mené à la chute de Mme Hasina, lundi. Alimentées par la soif de vengeance, les violences se sont poursuivies après le départ de la première ministre déchue, prenant notamment pour cible les membres de son parti, la Ligue Awami. Des commerces et des maisons appartenant à la minorité hindoue, que certains considèrent comme proche de Mme Hasina, ont également été attaqués dans ce pays à majorité musulmane. Lire aussi | Au Bangladesh, la révolte contre l’absolutisme Ajouter à vos sélections « Si vous me faites confiance, veillez à ce qu’il n’y ait aucune attaque contre qui que ce soit, où que ce soit dans le pays », a martelé Muhammad Yunus, affirmant qu’il s’attellerait en priorité à rétablir l’ordre et la loi. Il avait déjà promis mercredi, dans une tribune publiée dans le magazine britannique The Economist, qu’il ferait tout pour que des « élections libres et équitables soient organisées dans les prochains mois », mais qu’il fallait que les jeunes « ne soient pas obsédés par les règlements de compte, comme l’ont été trop de nos gouvernements précédents ». Il vous reste 47.14% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Author : News7
Publish date : 2024-08-09 21:52:23
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