Des policières arrêtent une sympathisante du Comité Baloutche Yakjehti, le 31 juillet 2024 à Karachi, au Pakistan, alors qu’elle arrive avec d’autres pour une conférence de presse après que des militants ont été arrêtés lors du rassemblement national baloutche à Gwadar, le 28 juillet 2024. AKHTAR SOOMRO / REUTERS Depuis le 9 août, dans plusieurs villes du Baloutchistan, au Pakistan, les rassemblements se succèdent pour honorer la mémoire des victimes de la manifestation du 28 juillet. Dans la ville portuaire de Gwadar, le Comité Baloutche Yakjehti (BYC), avait organisé le « Baloch Rajee Muchi », ou rassemblement national baloutche, afin de protester contre les violences de l’Etat pakistanais envers la communauté de cette province qui borde l’Iran. Une manifestation marquée par de violentes confrontations entre des militants de la communauté baloutche et les forces paramilitaires pakistanaises. Parmi les milliers de personnes qui s’étaient rassemblées à Gwadar se trouvaient des proches de victimes de disparitions forcées et d’exécutions extrajudiciaires. Depuis des années, Gulnaz, âgée de 56 ans, est à la recherche de ses fils. Selon elle, ils ont été enlevés par l’armée pakistanaise. En septembre 2010, le corps de l’un d’eux a été retrouvé sans vie devant la porte de sa maison. Sa mère demande à l’Etat que justice soit rendue. Le Baloutchistan est le foyer de violentes confrontations entre l’armée pakistanaise, les groupes indépendantistes, mais aussi des organisations terroristes. Depuis son annexion en 1948 par le Pakistan, la province a connu pas moins de cinq mouvements de rébellions nationalistes. Pour maintenir sa souveraineté, Islamabad mène une politique répressive particulièrement sanglante contre les habitants du territoire, dont beaucoup prônent le nationalisme et l’irrédentisme baloutches. Les ONG et les familles des victimes imputent aux forces de sécurité pakistanaises de graves violations des droits de l’homme. S’il est impossible de connaître le nombre exact de victimes d’enlèvements au Baloutchistan, la commission d’enquête sur les disparitions forcées du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits humains annonçait, en janvier, avoir enregistré un total de 10 078 disparitions forcées depuis 2011, dont 2 752 dans la province du Baloutchistan. Voice for Baloch Missing Persons, une organisation à but non lucratif, affirme, quant à elle, qu’environ 50 000 cas ont été enregistrés. « Harcèlement et menaces » Violemment réprimé par les autorités, le rassemblement national baloutche a été marqué par la mort de trois manifestants. « Le 28 juillet, les forces paramilitaires ont ouvert le feu sur un convoi comprenant des centaines de personnes, dont des femmes et des enfants, qui voyageaient de Quetta à Gwadar », a annoncé le BYC. Mahrang Baloch, chirurgienne et cheffe de file du mouvement BYC, a dénoncé l’arrestation et la détention arbitraire de près de 500 manifestants, dont trois figures du mouvement. Il vous reste 51.04% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
