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La visite du chancelier allemand Olaf Scholz en Chine du dimanche 14 au mardi 16 avril, à la tête d’une importante délégation économique, le prouve. Lorsqu’il s’agit des relations avec l’empire du Milieu, le social-démocrate se positionne bien davantage dans la continuité d’Angela Merkel qu’en rupture avec celle-ci. « Nous vivons un changement d’époque » (Zeitenwende), avait pourtant solennellement déclaré le chancelier à la tribune du Bundestag le 27 février 2022, trois jours après le début de l’invasion russe en Ukraine. Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Pour Olaf Scholz, la Chine reste un partenaire privilégié de l’Allemagne Ajouter à vos sélections La mort dans l’âme, l’Allemagne était contrainte de reconnaître qu’elle s’était fourvoyée en misant durant des années sur la rationalité de Vladimir Poutine et sur l’approvisionnement ad vitam aeternam en gaz russe pour faire tourner son industrie. Mais ce changement d’époque ne concernait pas que la relation germano-russe. Il s’agissait aussi de défendre la démocratie et l’Etat de droit contre des pouvoirs qui ne connaissent que la loi du plus fort. Le Zeitenwende signifiait la fin du Wandel durch Handel (« le changement par le commerce »), cette théorie politique allemande selon laquelle, en commerçant avec les démocraties occidentales, les dictatures allaient nécessairement se libéraliser. En ce sens, la Chine, aussi, était concernée. Alors qu’en mars 2023 la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, insistait sur la nécessité de « réduire le risque » à l’égard de la Chine, nombre d’industriels allemands – notamment les plus gros – continuent de penser que le principal risque consiste au contraire à ne pas suffisamment miser sur la deuxième économie mondiale, qui ambitionne de devenir la première. Pas moins de 5 000 entreprises allemandes opèrent actuellement en Chine. Un chiffre qu’Olaf Scholz, l’ancien maire de Hambourg, est le dernier à sous-estimer. Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Même sans gaz russe, l’Allemagne poursuit sa croissance et sa transition énergétique Ajouter à vos sélections Compétition « ouverte et juste » Entre sa ministre écologiste Annalena Baerbock, qui qualifie Xi Jinping de « dictateur », les milieux d’affaires divisés sur le « derisking » et sa propre formation, le Parti social-démocrate, qui semble croire que la Chine peut infléchir la position russe à l’égard de l’Ukraine, Olaf Scholz marche donc sur la corde raide. Néanmoins, en plaidant en Chine pour une compétition « ouverte et juste », le chancelier semble ignorer que Pékin ne connaît que le rapport de force. Or, loin de faire le moindre compromis, Xi Jinping mise plus que jamais sur son industrie, largement subventionnée, pour conquérir de nouveaux marchés et assurer à son économie une croissance satisfaisante malgré une demande intérieure qui reste atone. Lire aussi | Article réservé à nos abonnés L’industrie permet un rebond de la croissance en Chine au premier trimestre Ajouter à vos sélections Le secrétaire général du Parti communiste chinois est en fait un conservateur qui ne jure que par une politique de l’offre, convaincu que le soutien à la demande intérieure encouragerait la paresse des Chinois et, partant, le déclin de la Chine. Olaf Scholz ne peut changer cet état d’esprit. Au moins pourrait-il davantage prendre en compte les réserves de nombreux pays européens à l’égard de Pékin et tirer les conclusions du Zeitenwende qu’il a lui-même théorisé. En mars 2019, lorsqu’il était venu à Paris, Xi Jinping avait été reçu à l’Elysée non seulement par Emmanuel Macron mais aussi par Angela Merkel et Jean-Claude Juncker, à l’époque président de la Commission européenne. En ce printemps 2024, le chancelier allemand se rend en Chine trois semaines avant une visite d’Etat que le président chinois s’apprête à effectuer en France. Un chacun pour soi en perspective, dont le seul gagnant risque d’être Xi Jinping. Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Dans l’industrie allemande, le rapport à la Chine est à un point de bascule Ajouter à vos sélections Le Monde Réutiliser ce contenu
Author : News7
Publish date : 2024-04-16 16:07:19
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